• En ces temps difficiles où l'inclusion scolaire peine à être effective malgré les lois, les circulaires et autres demandes institutionnelles, j'aimerais apporter ma touche positive via ce que nous vivons depuis plus d'un an sur mon école.

    Une classe ULIS TED/TSA (appeler là comme vous voudrez) qui s'installe dans une école, c'est un peu comme un pavé dans la marre alors il a fallu beaucoup de travail de sensibilisation, d'explication, d'accompagnement pour l'enseignante coordinatrice que je suis afin que la coopération s'installe aussi bien entre les enfants qu'entre les adultes. Voici donc quelques pistes de travail que je partage avec vous :

     

    1- Un bon départ

    - Des appuis institutionnels
    Un projet pensé en amont et  porté par les IEN (inspecteurs de l'éducation nationale) qui se déplacent et donnent les "règles du jeu" à savoir la nécessité de respecter la nouvelle circulaire qui stipule que les élèves d'ULIS  sont des enfants à part entière et qu'à ce titre, ils sont scolarisés dans la classe ordinaire. Que l'ULIS est un dispositif qui vient en complémentarité. Ainsi, l'enjeu est de taille. ce n'est plus à l'enseignant de classe ordinaire de dire " oui je veux bien le prendre quelques heures" mais une exigence institutionnelle.

    - Du temps d'échange avec les adultes
    Pour que cela puisse se faire, il faudra penser à l'accompagnement des adultes, au partage de pratiques professionnelles,  il faudra  du temps pour créer  un réel échange et envisager une réelle coordination autour du projet de l'enfant. Il faudra du temps pour donner du sens au parcours scolaire de notre élève commun !

    - Une école qui ne concentre pas toutes les difficultés de la ville ! une ULIS en REP+ c'est pas simple

    - Une majorité d'enseignants motivés ( même s'ils ont quelques appréhensions)

    - Une bonne AVS co

    - un effectif réduit (par exemple 8 élèves max répartis en plusieurs groupes) comme c'est autorisé via la circulaire

    - un partenaire SESSAD ou des libéraux

     

    2- Sensibiliser les élèves

    Mais voilà, pour poursuivre sur notre lancée, on s'est dit que si tout cela était parfois compliqué pour nous alors pour les enfants ?????  On se devait de les accompagner  aussi ;  C'est bien eux qui allaient VIVRE ENSEMBLE !

    J'ai donc décidé avec mes collègues de venir dans chacune des classes de la GS au CM2 ( on verrai les plus jeunes après) pour:

    - prendre les représentations des élèves sur le handicap ( article à paraitre dans la nouvelle revue ASH si tout se passe comme prévu)

    - Donner des éléments de connaissances sur l'autisme et répondre aux questions

    - partager la lecture d'un album ou d'un film

     

    http://www.renaud-bray.com/ImagesEditeurs/PG/1362/1362726-gf.jpg

    https://images-na.ssl-images-amazon.com/images/I/51ZY5XVeI3L._AC_UL320_SR310,320_.jpghttps://i.ytimg.com/vi/_T6uw2nR9fs/maxresdefault.jpg

     

     

    http://www.mondealautre.fr/visuels/oeuvres/Mon-petit-frere-de-la-lune-26.jpg

     

    https://i.ytimg.com/vi/HyPVHdBunlw/maxresdefault.jpg

     Bilan :

     Les enfants sont curieux, ils ont envie d'en savoir plus, d'apprendre et d'être des supers copains ....  mais ils voient souvent les élèves autistes comme sachant moins bien faire les choses qu'eux .... alors il ne faut pas s'arrêter là !

     3 créer des situations d'interactions

    Ce n'est pas facile pour un élève autiste de créer d'emblée des relations avec ses camarades de classe. Ce n'est pas facile ni toujours très spontané pour un enfant NT (neurotypique = non autiste) d'oser aller vers un camarade autiste qui à première vue peut paraitre " bizarre"

    Alors c'est à nous les adultes d'enclencher des situations ... pour favoriser les interactions, les imitations, la socialisation, avec un apprentissage pour tous sur nos singularités et la nécessité de mieux se comprendre pour mieux vivre ensemble et se respecter.

    La mission de coordinatrice ULIS et surtout l'aménagement de mes groupes de travail me permet d'envisager des situations de co-intervention ... J'en ai profité pour explorer plein de situations. En voici quelques unes :

    - La cour de récréation

    Accompagner les jeux des enfants pour les inciter à inclure leur camarade qui ne va pas spontanément vers eux, pour qui parfois c'est trop bruyant ou ça va trop vite (deux élèves ont appris à un petit enfant à faire du toboggan-  jouer au ballon dans un coin plus protégé de la cour, sortir des camions ou des vélos ). La présence de l'adulte rassure, mesure, explique encourage ...

    Apprendre aux enfants à repérer quand un enfant a besoin de s'isoler (et ainsi éviter les mauvaises surprises comme cris, coups ...)

     

    - Accueil du matin en classe ULIS
    avec des enfants autistes et des camarades plus âgés (CE2- CM1), volontaires. Le matin quand la porte de l'école ouvre au lieu d'aller dans la cour, les enfants viennent jouer ensemble dans le local ULIS. Des jeux simples, sans contrainte pour le plaisir d'être là. Si au début les élèves TSA ignoraient leurs camarades, les interactions se sont vite développées. Aujourd'hui, je me mets vraiment en retrait et observe avec grande joie ces échanges. des liens d'amitié se tissent. Ils se retrouvent dans la cour. Ils prennent soin les uns des autres ...

    Mon seul regret c'est trop court (10 à 15 mn avant que les classes remontent)

     

     

    Développer les interactions entre les enfants

     

    Les rois du Bingo !

     

     

     

    Développer les interactions entre les enfants

     

     

     jouer aux voitures, un intérêt spécifique partagé avec les copains !

     

     

     

    - Partager les séances de motricité et EPS :

    deux formes mises au point cette année... Parce que faire sport à 4 ... ça a vite ses limites !

    • partager les séances avec le groupe "classe ordinaire" dans laquelle est scolarisé un des  élèves bénéficiant de l'ULIS (parcours moteur, roller, jeux collectifs, rondes...)
    • Prendre en charge une partie du groupe classe "ordinaire" pour des séances spécifiques ce qui permet également à l'enseignant de travailler avec un groupe plus restreint (ça c'est vendeur !)
      • Par exemple, je fais le parcours moteur avec les GS de la classe GS/CP ce qui permet à ma collègue d'avoir un temps uniquement avec ses élèves de  CP.
      • L'an passé, prise des élèves de GS en demi-groupe pour un atelier de danse contemporaine ce qui permet à tous les élèves de travailler en petit groupe, de bien observer, d'être au calme et de mieux comprendre les consignes. L'environnement est alors plus adapté.
      • travail autour des actions motrices( apprendre par le corps) et la grammaire avec des élèves du CE1 d'un élève de l'ULIS  qui tournent chaque semaine pour que toute la classe passe régulièrement ( exemple, nous avons travailler sur le concept de verbe et de pronoms en créant des jeux d'actions avec des pictogrammes en soutien)

    - Partager des séances en classe " ordinaire"

    • projet production écrite en CP :  le Méli Mélo - création de phrases à partir de dessins Sujet/verbe complément - manipulation en grand groupe, en atelier puis fabrication d'un livre mobile illustré)

     

     

     

    Développer les interactions entre les enfants

    Développer les interactions entre les enfants

     

     

     

     

     

     

     

     

    • ateliers jeux mathématiques en CP

     

    Mon Bilan :  outre le contenu pédagogique lié au domaine enseigné, cela  permet un rapprochement entre les élèves. ils apprennent à mieux se comprendre et à décrypter les comportements ou les codes. Mon rôle est de permettre  la mise en  mots sur les situations pouvant être perçues comme étranges ( là il crie parce qu'il y a du bruit, là  ), d’amener les enfants à  chercher ensemble des aménagements ( là il a du mal à garder sa ligne de course alors on va mettre des repères de couleur ...) , créer du tutorat actif ou passif ( par l'imitation spontanée des élèves TSA ou imitation différée dont l'on retrouve le bénéfice quelques séances plus tard)  mais aussi dans l'autre sens car les élèves TSA de l'ULIS ont de nombreuses compétences ( certains sont bons lecteurs, parlent plusieurs langues ...). Donc il est important de les valoriser pour faire évoluer les regards.
    de vraies amitiés sont nées, des liens se sont tissés. Même si cela ne concerne pas encore tous les élèves, on note un regard bienveillant , les choses changent et c'est tant mieux !!!

     

    J'espère que cela vous donnera envie de vous lancer si ce n'est déjà fait !

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     


    3 commentaires
  • Inclusion  

      Partenariat      curiosité 

            recherche        plan autisme 4    partage   

    compréhension    altérité      singularité    combat

           rage        détermination         changement

               mixité      ne rien lâcher     

        bienveillance       échange

      plaisir !

     

     18 mots pour une belle année 2018

    Barbara

     

       


    votre commentaire



    Suivre le flux RSS des articles
    Suivre le flux RSS des commentaires